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    Soudan : la violence incessante entraîne un exode continu des réfugiés (HCR)

    Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), l’effusion de sang qui se poursuit au Soudan a engendré la pire crise de protection des civils que le monde ait connue depuis des décennies, et le monde n’y prête pas attention. 

    Depuis que la guerre a éclaté il y a 19 mois, chaque jour, chaque minute, des milliers de vies sont « brisées par la guerre et la violence, loin de l’attention du monde ».

    La violence incessante dans ce pays  d’Afrique du nord-est entraîne un exode continu des réfugiés, notamment vers le Tchad voisin, terre d’accueil de 700.000 réfugiés soudanais. La majorité d’entre eux sont des femmes et des enfants, qui ont été contraints de fuir leur foyer depuis le début de la « guerre civile brutale et aveugle » au Soudan.

    Selon le HCR, il s’agit de l’afflux de réfugiés le plus important de l’histoire du Tchad. Les nouveaux arrivants viennent s’ajouter aux 400.000 Soudanais qui vivent déjà dans des situations prolongées au Tchad, ce qui porte le nombre total de réfugiés soudanais au Tchad à 1,1 million.

    « Et ce n’est pas fini », a averti Dominique Hyde, Directrice des relations extérieures du HCR, qui rentre d’une visite dans ce pays d’Afrique centrale, frontalier du Soudan.

    L’afflux de réfugiés le plus important de l’histoire du Tchad

    « J’ai visité l’est du Tchad la semaine dernière. En fait, oui, j’en reviens tout juste. Le Tchad est devenu ce que j’appellerais un sanctuaire, une bouée de sauvetage pour ces réfugiés soudanais », a fait valoir Mme Hyde.

    Depuis avril 2023, 11,5 millions de personnes ont été déplacées de force en raison de l’éclatement du conflit au Soudan, dont 8,3 millions à l’intérieur du pays et 3 millions dans les pays voisins.

    Du côté du Tchad, le HCR juge l’afflux quotidien de tout simplement extraordinaire. Rien qu’au mois d’octobre, 60.000 réfugiés ont franchi la frontière, ce qui représente une augmentation considérable. Un nouvel afflux qui n’est pas étranger à l’escalade de ce qui se passe au Darfour. 

    « Les gens n’arrivent pas seulement dans des conditions sordides. Ils n’emportent rien. Rien d’autre que leurs souvenirs, les souvenirs de la violence inimaginable dont ils ont été témoins et auxquels ils ont survécu. Une fois de plus, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut à ce conflit violent », a fait valoir la responsable du HCR.

    Des femmes réfugiées soudanaises dans le camp d’Adre, au Tchad.

    Des niveaux de traumatisme « dévastateurs »

    Ceux qui ont réussi à s’échapper, à rejoindre le Tchad, ont raconté aux équipes du HCR des « atrocités » auxquelles ils ont survécu. Elles ont entendu des récits de première main sur les violences inhumaines auxquelles les réfugiés soudanais ont survécu.

    A la suite des violences, des civils sont terrorisés, des maisons et des gens pillés. 

    « J’ai parlé à des personnes qui ont assisté à l’assassinat de leur famille », a affirmé Mme Hyde, relevant que les gens sont ciblés en fonction de leur appartenance ethnique.

    « Les hommes et les garçons sont tués et leurs corps sont brûlés. Les femmes sont violées. Des réfugiés m’ont répété qu’ils se souvenaient des corps qu’ils avaient vus abandonnés au bord de la route alors qu’ils fuyaient ».

    Plus largement, les niveaux de traumatisme sont dévastateurs, avec des familles qui sont sous le choc après avoir fui les horreurs de la guerre, vivant toujours dans la peur, même sans menace immédiate.

    « Je suis consternée par l’impunité et l’inaction qui marquent à jamais des millions de vies, provoquent des souffrances insupportables et brisent toute une génération ».

    Le Tchad reste un sanctuaire, selon le HCR

    La Directrice des relations extérieures du HCR note qu’il y a une chose qu’elle ne pourrait jamais oublier de cette mission à l’Est du Tchad : « c’est cette situation horrible qui se produit au Darfour et sans témoins ». 

    « De nombreux réfugiés avec qui j’ai parlé au Tchad m’ont fait part d’histoires déchirantes comme celle que j’ai mentionnée, mais aussi de leur soulagement ».

    Dans ces conditions, c’est un soulagement pour ces civils soudanais d’avoir franchi la frontière, d’être en sécurité et de ne plus entendre de bombes la nuit, mais aussi de ne plus craindre pour leur vie. Pour beaucoup, l’arrivée au Tchad est la première fois depuis des mois qu’ils se sentent en sécurité.

    « C’est pourquoi je dis que pour moi, le Tchad est un sanctuaire. Outre le Tchad, d’autres pays voisins du Soudan, comme le Soudan du Sud, l’Éthiopie, l’Égypte et la République centrafricaine se sont surpassés, non seulement en assurant la sécurité des personnes qui fuient, mais aussi en donnant aux réfugiés la possibilité de commencer à reconstruire leur vie pendant leur exil, en veillant à ce que les enfants puissent aller à l’école.

    Des réfugiés construisent des abris de fortune pendant la saison des pluies à Adre, dans l'est du Tchad.

    Des réfugiés construisent des abris de fortune pendant la saison des pluies à Adre, dans l’est du Tchad.

    La population d’Adré a été multipliée par sept

    Toutefois à Adré, la vie a complètement changé. Ce chef-lieu du département Assoungha, qui était autrefois une petite ville frontalière qui accueillait ou comptait 40.000 habitants. Sa population a été donc multipliée par sept et accueille aujourd’hui 230.000 réfugiés soudanais, dont beaucoup passent des mois dans des conditions difficiles.

    « En outre, vous pouvez imaginer ce que l’on ressent. Nous sommes à Genève. C’est une population de 500.000 habitants, à peu près à Genève. C’est comme si tout d’un coup, à Genève, nous avions 2,8 millions de réfugiés qui arrivaient en très peu de temps ».

    Face à cet afflux de réfugiés soudanais, plus de 370.000 réfugiés ont été relogés dans six nouveaux camps construits et dix extensions de sites préexistants, tous achevés en un temps record

    « Mais des dizaines de milliers de familles attendent toujours de pouvoir repartir à zéro. Il s’agit de l’aide à la protection la plus élémentaire que nous puissions offrir, en déplaçant les personnes loin de la frontière des horreurs qu’elles ont fuies et en leur apportant un soutien élémentaire, mais digne, pour commencer à reconstruire leur vie », a insisté la responsable du HCR.

    Il s’agit de l’une des plus grandes situations d’urgence au monde, mais aussi de l’une des moins signalées et des moins financées.

    Pourtant le plan régional d’intervention en faveur des réfugiés au Soudan n’est financé qu’à hauteur de 30% des 1,5 milliard de dollars requis par 86 partenaires de l’ONU.

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