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    Le Soudan est piégé dans un « cauchemar de violence », déclare le chef de l’ONU au Conseil de sécurité

    « Les souffrances augmentent de jour en jour, avec près de 25 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire », a dit M. Guterres aux membres du Conseil de sécurité, soulignant les conditions désastreuses que les civils endurent 18 mois après le début du conflit.

    Il a décrit la situation comme une série de cauchemars incessants : « Des milliers de civils ont été tués et d’innombrables autres sont confrontés à des atrocités innommables, notamment des viols et des agressions sexuelles généralisés ».

    Des massacres et des violences sexuelles ont également été signalés récemment dans l’État d’Aj Jazirah, a-t-il ajouté, avertissant que le conflit au Soudan pouvait déstabiliser l’ensemble de la région, affectant les pays voisins, du Sahel à la mer Rouge.

    Déplacements, maladies, famine

    Le Secrétaire général a également prévenu que des conditions de famine affectent les camps de déplacés du Nord-Darfour, laissant 750.000 personnes affamées.

    Pendant ce temps, des millions d’autres personnes à travers le pays luttent pour se nourrir. Les épidémies, notamment de choléra, de paludisme et de dengue, se propagent rapidement en raison de l’effondrement du système de santé.

    « Le Soudan connaît également la plus grande crise de déplacement au monde, avec plus de 11 millions de personnes ayant fui depuis avril de l’année dernière, dont près de trois millions sont passées dans les pays voisins », a-t-il déclaré, notant également que plusieurs centaines de milliers de personnes restent à la merci des conditions météorologiques extrêmes et des effets du changement climatique.

    Des acteurs extérieurs jettent de l’huile sur le feu

    Le chef de l’ONU a réitéré l’appel lancé par les Nations Unies aux Forces armées soudanaises et aux Forces de soutien rapide pour qu’elles cessent les combats et recherchent la paix par la négociation.

    « Mais au lieu d’apaiser les tensions, elles intensifient l’action militaire. Pendant ce temps, des puissances extérieures jettent de l’huile sur le feu ».

    La résolution 2736 du Conseil de sécurité, adoptée par le Conseil en juin, a envoyé un « signal fort », a déclaré M. Guterres, appelant à une « action sur le terrain ».

    Le chef de l’ONU a mis en avant ses recommandations sur la protection des civils au Soudan, qu’il a présentées la semaine dernière, conformément à la résolution.

    Des familles du camp de Zamzam se rassemblent pour recevoir un repas fourni par l’équipe d’intervention d’urgence du camp.

    Les civils doivent être protégés

    M. Guterres a mis l’accent sur trois priorités.

    Tout d’abord, il a appelé à une cessation immédiate des hostilités, exhortant les deux parties à accepter des cessez-le-feu et des pauses humanitaires qui pourraient ouvrir la voie à des négociations de paix.

    Deuxièmement, le Secrétaire général a appelé à des mesures plus strictes pour protéger les civils. Il s’est dit horrifié par la poursuite des attaques contre les civils à El Fasher et à Khartoum, y compris les frappes aériennes dans les zones peuplées.

    « Les responsables de crimes de guerre doivent répondre de leurs actes », a-t-il déclaré, soulignant également que « les flux directs ou indirects » d’armes et de munitions vers le Soudan « doivent cesser immédiatement ».

    A l’heure actuelle, « les conditions ne sont pas réunies » pour un déploiement réussi d’une force des Nations Unies destinée à protéger les civils au Soudan, ajoutant que le Secrétariat est prêt à s’engager avec le Conseil de sécurité et d’autres acteurs sur les modalités opérationnelles qui peuvent contribuer de manière significative à la réduction de la violence et à la protection des civils.

    L’aide humanitaire doit affluer

    Enfin, M. Guterres a souligné la nécessité d’un accès humanitaire ininterrompu.

    Malgré les efforts des Nations Unies et des partenaires humanitaires, des millions de personnes restent coupées de l’aide, a-t-il averti.

    Si la réouverture du poste frontière d’Adré entre le Soudan et le Tchad offre un peu d’espoir, il a exhorté les deux parties à permettre l’acheminement d’une plus grande quantité de fournitures vitales à ceux qui en ont le plus besoin.

    Le Secrétaire général a également exhorté les donateurs à fournir un financement urgent, notant que l’appel humanitaire de 2,7 milliards de dollars n’est financé qu’à 56% et que le plan régional de réponse aux réfugiés est encore plus mal loti.

    Une action décisive maintenant

    M. Guterres a salué le travail des initiatives locales menées par les Soudanais, telles que les 700 équipes d’intervention d’urgence, qui ont apporté une aide vitale dans des conditions extrêmement dangereuses.

    « Grâce à leur travail, ils nous montrent une autre facette du Soudan – le meilleur de l’humanité dans un pays qui endure le pire », a-t-il déclaré, appelant le Conseil de sécurité et la communauté internationale à s’inspirer de leur exemple.

    « Il est temps d’agir, d’agir de manière décisive, pour que le peuple soudanais connaisse la paix ».

    Regain de tension au centre du Soudan

    Un enfant s'enfuit de Wad Madani, dans l'État d'Al Jazirah, au centre-est du Soudan, à la suite des récents affrontements armés qui s'y sont déroulés.

    © UNICEF/Ahmed Elfatih Mohamdeen

    Un enfant s’enfuit de Wad Madani, dans l’État d’Al Jazirah, au centre-est du Soudan, à la suite des récents affrontements armés qui s’y sont déroulés.

    Lundi, des agences des Nations Unies ont prévenu que près de 50.000 personnes ont fui vers les Etats de Gedaref, Kassala et Nil fluvial suite à une vague de violence armée et d’attaques dans l’est de l’Etat d’Al Jazirah la semaine dernière, relevant que des dizaines de civils ont été tués ou blessés à la suite de ce regain de tension au centre du Soudan.

    D’après les estimations de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ce sont plus de 9.300 familles qui ont été déplacées de Tamboul et des villages environnants dans les localités de Sharg Aj Jazirah et d’Um Algura, dans l’Etat d’Al Jazirah, entre le 20 et le 27 octobre.

    Les personnes déplacées ont cherché sécurité, protection et abri principalement dans les localités d’Al Faw, Al Butanah et Madeinat Al Gedaref à Gedaref ; Halfa Aj Jadeedah, Reifi Khashm Elgirba et Reifi Nahr Atbara à Kassala, ainsi que dans diverses localités de l’Etat du Nil fluvial.

    Des rapports préliminaires indiquent qu’entre le 20 et le 25 octobre, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont lancé des attaques majeures dans les parties orientales de l’État d’Al Jazirah, tirant sans discrimination sur les civils et commettant des violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles.

    Abus flagrants des droits de l’homme et pillage généralisé

    Avant cet afflux de personnes déplacées en provenance d’Al Jazirah, Gedaref et Kassala accueillaient déjà respectivement plus de 950.000 et 264.000 personnes déplacées, selon l’OIM. Ces personnes ont été déplacées principalement des Etats d’Al Jazirah et de Khartoum après que le conflit entre factions militaires rivales a commencé à Khartoum en avril 2023 et s’est étendu à Al Jazirah en décembre 2023.

    Par ailleurs, des rapports préliminaires font état de « violations flagrantes » des droits de l’homme et d’un « pillage généralisé » des marchés et des maisons, ainsi que d’incendies de fermes.

    « Des hommes armés auraient tiré sur des civils sans discrimination et commis des actes de violence sexuelle à l’encontre de femmes et de jeunes filles, tout en se livrant à un pillage généralisé des marchés et des habitations et en incendiant des fermes, ce qui a entraîné une dévastation généralisée », a détaillé dans son dernier rapport de situation, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

    Selon l’OCHA, des habitants d’au moins 30 villages et villes auraient été victimes d’agressions physiques, d’humiliations et de menaces, ce qui a poussé des milliers de civils à fuir leur domicile pour se mettre à l’abri.

    Attaques ciblées et violences sexuelles

    Les populations civiles qui sont restées, sont ainsi confrontés à de graves menaces, notamment à des risques d’agression sexuelle et de mort, tandis que de nombreux blessés ont besoin d’un traitement médical d’urgence.

    « Le nombre total de victimes civiles de ces attaques n’a pas encore été établi », a précisé l’agence onusienne.

    Samedi, la principale responsable humanitaire des Nations Unies au Soudan s’était aussi alarmée de la forte escalade de la violence dans cette région. « Je suis choquée et profondément consternée par le fait que des violations des droits de l’homme du type de celles qui ont été observées au Darfour l’année dernière – viols, attaques ciblées, violences sexuelles et massacres – se répètent dans l’État d’Al Jazirah. Il s’agit de crimes atroces », a déclaré samedi Clémentine Nkweta-Salami, Coordinatrice humanitaire de l’ONU au Soudan.

    De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) note que ces dernières violences soulignent « l’horrible crise humanitaire » en cours et la nécessité d’une protection urgente des civils, qui reste négligée par la communauté internationale et les médias. « Des informations tragiques en provenance du Soudan font état d’au moins 124 personnes tuées dans l’État d’Al Jazirah », a dit sur le réseau social X, le chef de l’OMS,Tedros Adhanom Ghebreyesus.

    Les combats au Soudan ont entraîné le déplacement de nombreuses familles en quête de sécurité. (archives)

    Les combats au Soudan ont entraîné le déplacement de nombreuses familles en quête de sécurité. (archives)

    Se préparer face à l’afflux de déplacés dans les États de Kassala et Gedaref

    Face à cette nouvelle vague de déplacements, les besoins urgents des personnes affectées et déplacées comprennent des abris, de la nourriture, des soins de santé et des services de protection. Sur le terrain, les Nations Unies et les partenaires humanitaires se mobilisent pour aider les personnes affectées et déplacées par la violence, tout en se préparant à accueillir les nouveaux arrivants dans les États de Kassala et de Gedaref.

    Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une lutte brutale pour le pouvoir entre factions militaires rivales – les Forces armées soudanaises et les paramilitaires des Forces de réaction rapide. La guerre a déplacé plus de 11 millions de personnes, dont 2,9 millions ont fui vers les pays voisins.

    Le conflit a également provoqué une grave crise humanitaire, avec près de 25 millions de personnes ayant besoin d’aide.

    La faim et la malnutrition sont largement répandues, 13 millions de personnes étant confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Des conditions de famine ont déjà été confirmées dans le camp de Zamzam, dans le nord du Darfour.

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