Selon cette agence des Nations Unies, la hausse de la dette publique « étouffe » les pays africains et leur laisse « peu de marge de manœuvre budgétaire » pour financer les services de santé et de lutte contre le VIH.
Le rapport, publié à l’approche de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, montre que la combinaison des paiements croissants de la dette publique et des réductions de dépenses prévues dans les accords du Fonds monétaire international (FMI) au cours des trois à cinq prochaines années laissera les pays dangereusement dépourvus de ressources pour financer leurs ripostes au VIH si rien n’est fait.
« Lorsque les pays ne peuvent pas répondre efficacement aux besoins de santé de leur population en raison du remboursement de leur dette, la sécurité sanitaire mondiale est mise en péril », a déclaré dans un communiqué, Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA.
Le service de la dette dépasse désormais 50 % des recettes de plusieurs pays
Le service de la dette dépasse désormais 50 % des recettes publiques en Angola, au Kenya, au Malawi, au Rwanda, en Ouganda et en Zambie. Même après les mesures d’allègement de la dette, un pays comme la Zambie consacrera encore les deux tiers de son budget au service de la dette entre 2024 et 2026.
Dans ces conditions, les dépenses consacrées à la lutte contre le VIH ont diminué depuis 2017 en Afrique de l’Ouest et du Centre, passant de 0,3 % du PIB en 2017 à seulement 0,12 % en 2022.
La publication de ce document intervient alors que l’Afrique subsaharienne compte le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH, avec plus de 25,9 millions de personnes sur les 39,9 millions vivant avec le VIH dans le monde. Le succès de la région, qui a réduit les nouvelles infections par le VIH de 56 % depuis 2010, « ne sera pas maintenu si la marge de manœuvre budgétaire est limitée ».
« La dette publique doit être réduite de toute urgence et la mobilisation des ressources nationales doit être renforcée afin de disposer de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour financer pleinement la riposte mondiale au VIH et mettre fin au sida », a insisté Mme Byanyima.
Déficit de financement de plus de 30 % pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale
L’Afrique de l’Ouest et du Centre devra ainsi mobiliser 4,18 milliards de dollars pour financer entièrement la riposte au VIH en 2024. Ce montant atteindra 7,9 milliards de dollars d’ici à 2030 si les efforts ne sont pas intensifiés dès aujourd’hui pour mettre un terme aux nouvelles infections par le VIH.
Alors que 20,8 milliards de dollars étaient disponibles pour la riposte au VIH en 2022 dans les pays à revenu faible et intermédiaire grâce à des sources nationales et internationales, ces fonds n’étaient pas suffisants pour financer la riposte au VIH de manière adéquate. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, par exemple, présentaient un déficit de financement de 32 % en 2022.
Rien qu’en 2024, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe devront mobiliser près de 12 milliards de dollars pour financer entièrement la riposte au VIH. Ce montant atteindra environ 17 milliards de dollars d’ici à 2030 si les nouvelles infections par le VIH ne sont pas réduites.
Le fardeau de la dette risque de faire dérailler les progrès dans la lutte contre le VIH
Pour permettre une plus grande mobilisation des ressources nationales afin que les pays puissent répondre efficacement à leurs pandémies, les pays d’Afrique subsaharienne devront renforcer leurs systèmes fiscaux, notamment en supprimant les exonérations fiscales qui coûtent actuellement aux pays une perte de revenus de 2,6 % du PIB en moyenne dans l’ensemble de la région.
Les donateurs doivent également accroître leur aide financière à la santé et à la lutte contre le VIH d’ici à 2030, tandis que les créanciers devraient proposer un allègement de la dette aux pays lourdement endettés pour alléger le fardeau.
« Les dirigeants du monde ne peuvent pas laisser une pénurie de ressources faire dérailler les progrès mondiaux visant à mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030 », a fait valoir Mme Byanyima.
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