Depuis mai 2024, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), soutenues par des milices tribales alliées, assiègent El Fasher dans leur conflit avec les Forces armées soudanaises (FAS) et les mouvements armés alliés. L’absence de voies sûres pour sortir de la ville, ainsi que les coûts et les paiements exorbitants exigés pour partir, ont laissé de nombreuses personnes piégées sur place.
« Au cours des deux dernières semaines, la bataille d’El Fasher s’est considérablement intensifiée et nous avons documenté un nombre croissant d’incidents de civils tués à la suite de bombardements et de frappes aériennes des FSR et des FAS », a déclaré M. Türk dans un communiqué de presse.
Augmentation du nombre de victimes civiles
Lors des derniers combats les plus violents, les 20 et 21 septembre, au moins 20 civils ont été tués par des tirs d’artillerie près du marché principal et de nombreux magasins ont été détruits. Le nombre réel de victimes civiles est probablement bien plus élevé, mais les coupures de télécommunications rendent toute vérification difficile.
Au cours des deux dernières semaines, en plus de l’augmentation du nombre de victimes civiles, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies (HCDH) a recensé des cas d’exécutions sommaires, de violences sexuelles et sexistes et signalé l’enlèvement d’au moins cinq femmes et de plusieurs jeunes hommes à El Fasher. Des arrestations arbitraires à grande échelle ont également été signalées au Darfour-Nord et au Darfour-Sud par les FSR, qui accusent les civils de fournir des informations et des coordonnées de leur emplacement aux FAS.
En raison d’attaques ciblées contre des installations médicales, les civils se sont également vu refuser l’accès aux soins de santé d’urgence et les approvisionnements en nourriture sont extrêmement limités.
« L’expérience passée nous a appris que si El Fasher tombe, il existe un risque élevé de violations et d’abus ethniques ciblés, notamment d’exécutions sommaires et de violences sexuelles, de la part des FSR et des milices alliées », a ajouté le chef des droits de l’homme de l’ONU.
Inquiétudes concernant les résidents d’un camp de déplacés
Il a notamment souligné les inquiétudes concernant les résidents du camp de déplacés d’Abu Shouk, qui subit des bombardements soutenus des FSR depuis mai, et du camp de déplacés de Zamzam.
« Les personnes vivant dans ces camps courent un risque grave de représailles en raison de leur identité tribale, réelle ou perçue, comme venant des mêmes communautés que les dirigeants des mouvements armés alignés sur les FAS », a déclaré Volker Türk.
Le Haut-Commissaire a souligné les conclusions des missions de surveillance menées dans l’est du Tchad par le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, qui ont documenté des schémas horribles de violations et d’abus ciblés sur le plan ethnique, en particulier contre la communauté Masalit, après que les FSR ont pris le contrôle d’El Geneina et d’Ardamata dans l’ouest du Darfour en juin et novembre 2023.
Volker Türk a également fait part de ses inquiétudes concernant l’escalade des hostilités et l’augmentation du nombre de victimes civiles dans d’autres régions du pays, notamment dans le grand Khartoum et dans l’État de Sennar.
« Les combats doivent cesser immédiatement. Trop c’est trop », a-t-il déclaré. « Outre leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, les parties à ce conflit doivent également respecter les engagements pris dans la Déclaration de Djeddah de protéger les civils et de participer de bonne foi aux efforts de médiation ».
« J’appelle également la communauté internationale, notamment par l’intermédiaire du Conseil de sécurité, à prendre les mesures nécessaires et efficaces pour protéger les civils au Soudan, notamment les groupes particulièrement exposés aux violences ciblées, et à garantir le respect du droit international par toutes les parties ».
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